En fait, pas moins de 82 % des personnes qui ont demandé du crédit au Québec pour le démarrage de microentreprises ont essuyé un refus de la part des institutions financières traditionnelles. Fort heureusement pour elles, il y avait le microcrédit.

En y ayant accès, les petits entrepreneurs, qui sont à 52,9 % des femmes, sont arrivés à changer leur vie. Les revenus et les actifs de leur entreprise ont augmenté au-delà du revenu minimum et 26,5 % d’entre eux arrivent par la suite à obtenir des prêts bancaires, étant jugés moins à risque.

Ces statistiques proviennent d’une étude menée récemment par le professeur Ayayi et Alice Justine Ébéné du Laboratoire de recherche et d’intervention sur le développement de l’entreprise dans les pays en développement de l’UQTR.

Le microcrédit n’est pas né d’hier. Les caisses Desjardins «étaient un mécanisme de crédit communautaire ou de microcrédit au départ», rappelle le professeur Ayayi.

On pourrait croire que le microcrédit est un exercice périlleux pour les institutions prêteuses puisque les emprunts sont faits sans garanties. Le professeur Ayayi constate toutefois que les organismes de microcrédit s’en tirent «plus que très bien.»

C’est que «la réussite ou l’échec d’une entreprise dépend de l’esprit entrepreneurial de la personne, de sa détermination à réussir et non du crédit en tant que tel», explique-t-il. «Les taux de remboursement sont très élevés» dans le domaine du microcrédit, constate le professeur Ayayi et le taux de succès des entreprises qui sont financées de cette manière est de l’ordre de 50 % ou 52 %, dit-il.

«Les pauvres remboursent leur crédit», indique-t-il. «Ils ont toute la détermination nécessaire pour que leur entreprise réussisse», dit-il.

Ils ont aussi un bon niveau de scolarité. Pas moins de 91 % des personnes qui créent une micro-entreprise ont un niveau de scolarité entre le collégial et l’universitaire, indique l’étude qui a été réalisée de concert avec les clients du Fonds d’emprunt
Québec.

«Une fois que l’entreprise réussit, on constate l’augmentation des revenus de l’entreprise et ça se traduit automatiquement par l’augmentation des revenus de la personne elle même et beaucoup de gens ont vu leurs revenus augmenter de façon importante»,
explique le professeur. L’estime de soi s’en trouve améliorée, dit-il et les répercussions se font sentir sur sa famille et dans la société, par ricochet.

«Si mon entreprise réussit, je peux acheter des actifs et embaucher des gens», plaide-t-il. Pour les immigrants qui arrivent ici sans actifs, le microcrédit devient «une mécanique d’insertion sociale», plaide-t-il.

Selon le chercheur, le microcrédit devrait être encouragé et on devrait le faire connaître, autant auprès des chômeurs, des gens qui reçoivent de l’aide sociale que des nouveaux arrivants.

Le microcrédit peut donc contribuer à réduire la pauvreté, calcule le professeur Ayayi. «Celui qui créé un emploi, créé plusieurs emplois indirects», plaide-t-il.

 

Source: Le Nouvelliste – 4 avril 2015